Et non, la balance commercial française n'a pas toujours été déficitaire. De 1992 à 2004, la France exportait en effet plus qu'elle n'importait. A la création de la zone euro, l'excédent commercial français était semblable à l'excédent commercial allemand. Et depuis 2000, le drame... La balance commerciale française se dégrade d'année en année, alors que la balance allemande est excédentaire de 3 à 4% du PIB même durant la crise financière. En 2011, sur les neuf premiers mois de l'année, la balance commerciale française a déjà atteint en valeur le déficit de l'année 2010 complète, soit environ 54 mds d'euros (le PIB de la France étant d'environ 2000 mds en 2010 et le déficit commercial de 3% du PIB, on retombe bien sur nos pieds)... En 2011, nous allons donc battre un nouveau record de déficit commercial. De l'autre coté, l'Allemagne a battu les prévisions (mais eux dans le bon sens), avec un excédent commercial record en 2011. En 2010, l'excédent commercial allemand s'élevait à +154 mds, soit une différence d'environ 200 mds avec la France...
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Voila pour les chiffres. Maintenant essayons de comprendre comment on en est arrivé là ! La principale raison est le coût du travail en France et en Allemagne ; plus précisément le coût salarial unitaire. Le coût salarial unitaire (CSU) correspond aux coûts salariaux par unité de valeur ajoutée produite (sont inclues le calcul du CSU les salaires, traitements bruts, cotisations sociales, charges patronales...). En effet cela n'a que peu d'intérêt de comparer le salaire mensuel car cela ne prend pas en compte le nombre d'heures travaillées. Il en est de même d'ailleurs pour le coût horaire de la main d'oeuvre car la productivité des salariés n'est pas considérées. Supposons que dans un pays X, le salaire mensuel moyen soit de 2000 euros net, et dans un pays Y le salaire mensuel moyen soit de 3000 euros net. Pas folle la guêpe, vous allez directement délocaliser votre usine dans le pays X. Tout faux! Il faut trouver le pays où la production est la moins chère par unité de valeur ajouté crée. Si dans le pays Y les charges patronales sont plus faibles, la productivité bien meilleures et le temps de travail supérieur, il sera sûrement plus intéressant de s'installer dans ce pays (même si le salaire mensuel des salariés est plus élevé).Â
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Simplement pour info, le coût horaire de la main d'oeuvre était en 2000 similaire en France et en Allemagne (autour de 25 euros, source INSEE) alors qu'en 2008 le coût horaire de la main d'oeuvre était de 32 euros en France contre 29,3 euros en Allemagne (oui ça sert à rien car cela ne prend pas en compte la productivité, mais de nombreux "copains" des autres sites basent leurs analyses à tord sur cela).
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Si l'on compare maintenant l'évolution du coût salarial unitaire (source OECD), on voit plus nettement la différence. Attention à la lecture de ce graphique, il s'agit d'un indice base 100 en 2005, donc il faut s'intéresser au rythme d'appréciation du coût salarial unitaire (donc en gros à la forme des courbes; en France le CSU augmente rapidement depuis le début des années 2000, en Allemagne c'est quasi-stable).
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"Le football est un jeu simple : 22 hommes courent après un ballon durant 90 minutes, et à la fin, c'est toujours l'Allemagne qui gagne" - Gary Lineker... Cette phrase célèbre pour les geek du football s'appliquerait donc aussi à l'économie? Comment se fait-il que les CSU n'aient quasi pas augmenté en Allemagne? La majorité des autres pays européens ont une évolution des CSU similaire à celle de la France, c'est donc bien l'Allemagne qui est l'exception.
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Tout d'abord la notion de salaire minimum n'existe pas en Allemagne (comme c'est d'ailleurs le cas dans 6 autres pays de l'UE) ; les grilles de salaires sont négociées entre les partenaires dans le cadre d'accords collectifs s'imposant à toutes les entreprises d'une branche donnée. La Constitution allemande interdit même le législateur d'intervenir dans la détermination des conditions de travail.
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Mais cette réussite actuelle peut surtout être attribuée au chancelier allemand Gerhard Schröder (réforme de 2003-2005), qui a, dans la douleur à l'époque il est vrai, fortement modifié le marché du travail en Allemagne et imposé une forte maîtrise des salaires. Je vous conseille à tous de lire le document ci-après du CERFA, datant de février 2004, dont voici une phrases qui devrait vous donner envie "L'Allemagne semble pris dans une spirale de déclin inéluctable. L'absence de croissance conduit à l'accroissement du chômage et des déficits publics. Pour couvrir les dépenses, les acteurs publics accroissent les cotisations, ce qui renchérit le facteur travail. C'est pour casser ce cercle vicieux que le chancelier Schröder a décidé, au début de l'année 2003, de lancer des réformes fondamentales pour assainir les finances de l'Etat, rendre les systèmes sociaux plus performants à moindre coût et, last but not least, flexibiliser le marché du travail." - http://www.ifri.org/files/NoteCerfa9.pdf
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De 2000 à 2005, la croissance de la France était constamment supérieur à celle de l'Allemagne. Depuis cela n'a été le cas qu'en 2009 (récession moins importante car l'Allemagne est plus exposé à la baisse du commerce mondiale suite à la crise). Coïncidence? Je ne vais pas rentrer dans le débat des 35h (enfin même si je le fait uniquement avec cette phrase), mais à  posteriori, on voit nettement que les réformes politiques allemandes ont portées leurs fruits.
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