Mais d'ailleurs quel est l'intérêt de savoir si c'est Michel Dupond, la Société Générale ou Tching Ming (notre bon copain chinois) qui détient la dette de la France. Simplement car selon le type de détenteurs (particuliers, banques, fonds de pension...) et l'origine du détenteur (résidents ou non résidents) le risque n'est pas le même. Les investissements étrangers sont davantage procycliques (i.e : quand tout va bien les capitaux étrangers sont abondants, en cas de problème on ramène les sous bien au chaud à la maison) ; en période de crise, les investisseurs étrangers ont donc tendance à rapidement se désengager, ce qui sans intervention entraînera rapidement une hausse du taux d'emprunt (baisse de la demande + offre stable voire en hausse = hausse du taux).
Et dans ce cas la machine est lancée (situation actuelle dans certains pays de la zone euro) : hausse des taux auquels l'Etat emprunte - hausse de la charge d'intérêt - hausse du déficit public - hausse de la dette publique - hausse du risque - dégradation de la notation - hausse des taux (et nouvelle boucle)
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Bref revenons en à notre question : qui détient la dette française? Et bien mauvaise nouvelle, il n'est pas possible de connaître précisément les détenteurs d'obligations françaises. Ceci est une question de législation (article L. 212-4 du code monétaire) dont voici une partie de l'explication "Les textes actuellement en vigueur n'autorisent les conservateurs d'instruments financiers (Euroclear France pour les titres d'Ãtat français) à communiquer aux émetteurs la liste de leurs détenteurs finaux qu'aux seuls émetteurs d'actions, de bons de souscription d'actions ou d'instruments de taux donnant immédiatement ou à terme accès au capital."Â
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Dans le cas d'une obligation d'Etat, étant donné qu'il n'y a pas entrée au capital (c'est une obligation, pas une action), il n'est donc pas possible de connaître qui a acheté quoi à quel moment. Bon voila voila, cet article est INUTILE.... Et bien non, deux informations sont tout de même disponibles : le pourcentage de dette détenue par des investisseurs étrangers (via la balance des paiements) et la détention de dette française par les banques étrangères (Bank of International Settlement).
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La dette française s'élève a 1692 mds d'euros, soit plus de 86% du PIB (INSEE juin 2011). Selon l'Agence France Trésor, l'encours de titres négociables détenus par les non-résidents se situe autour de 66% de la dette négociable. En 2009, la France était le quatrième pays de la zone en ce qui concerne le taux de dette détenue pas les non-résidents, derrière l'Irlande (85% de la dette détenue par les non-résidents), le Portugal (75%) et la Grèce (71%). Etant donné l'évolution de la crise dans ces trois pays, encore une raison de se rassurer... ou pas! Attention cependant à ne pas faire d'amalgame, la forte détention de dette en Irlande, en Grèce et au Portugal par les non-résidents était surtout due au spread de taux d'intérêt (pour simplifier il y a quelques années, la dette portugaise, grecque et irlandaise rapportait plus que la dette allemande ou française, et donc les investisseurs étrangers achetaient des bons du trésor de ces pays en considérant que le risque était nul... échec de la réflexion pour gagner 1 ou 2 points de taux supplémentaire).
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Pour finir, deux graphiques montrant bien la procyclicité de la détention de dette par les non-résidents ; si l'on s'intéresse au montant de la dette depuis le début de la crise financière, on note une claire augmentation (en valeur comme en pourcentage du PIB). Cette augmentation est due à une hausse du déficit public (via la baisse des recettes fiscales et la hausse des dépenses), qu'il fallait bien compenser en empruntant sur les marchés. Par contre si l'on s'intéresse à la détention de dette par les non-résidents; une nette baisse est visible depuis le début de la crise de la dette en zone euro (depuis que l'on considère qu'il existe un risque de défaut, même en France).
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Voici donc le premier risque pesant sur notre chère dette. Plus d'infos sur la dette frenchy et sur les risques réels dans quelques jours. N'hésitez pas à regarder les articles théoriques du Captain' sur la dette (en construction), le spread de taux (same). Le dossier spécial "Il y a t-il encore de l'euro à  Noël" sera publié dans quelques jours.
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