Alors que le Captain' préparait tranquillement la "fiche candidat" de Marine Le Pen, il a eu le plaisir de tomber par hasard sur une magnifique modélisation expliquant le "plan de désendettement de la France" de Marine Le Pen. Et là , c'est le drame...
Â
Avant de critiquer, le Captain' tient à féliciter Marine Le Pen (enfin son équipe) pour la précision du chiffrage du programme FN (évolution des dépenses et recettes pour le quinquennat). Et non ce n'est même pas ironique, il y a un réel effort de "transparence", et pas mal d'autres candidats feraient bien de s'inspirer de cela. Je vous conseille donc de jeter un coup d'oeil au chiffrage détaillé, en cllquant ici.
Â
Mais si l'on creuse davantage le plan de désendettement de la France et le chiffrage du projet, on tombe sur un tableau de chiffrage de la dette et du déficit jusqu'en 2030. Marine Le Pen annonce en effet l'équilibre budgétaire en 2018, et la réduction de la dette à un niveau de 30% du PIB en 2025. Allez, mettez vous dans la peau de Sherlock Holmes et essayez de retrouver l'aberration de ce tableau.Â
Â
Allez, on cherche encore un peu! Un indice: regardez ce qui se passe entre 2017 et 2018. Toujours pas? C'est parti pour l'explication du Captain'.
Â
La 1ère chose à remarquer est qu'une grande partie de ce modèle est basée sur la "monétisation de la dette" (création monétaire de 45 mds d'euros par an entre 2013 et 2017). Mais bon Marine Le Pen revendique cette politique, malgré les risques inflationnistes que cela comporte. Le problème n'est pas là , mais sur la "charge de la dette". Selon ce modèle, la charge d'intérêt de la dette serait d'environ 58 mds d'euros en 2017, puis de 19 mds d'euros en 2018! Et hop, on diminue de 39mds en une seule année les dépenses publiques, ce qui permet d'atteindre l'équilibre budgétaire.
Â
L'explication apportée par le FN est, qu'étant donné que la France devrait récupérer son triple A d'ici là , elle pourra en 2018 emprunter au taux de 1% au lieu de 3% en moyenne. Hormis le fait que ces hypothèses soient légèrement extravagantes, il y a surtout une erreur flagrante qui montre une incompréhension totale de la dynamique de la dette.
Â
Supposons qu'en 2018, la France récupère son AAA et puisse donc emprunter sur les marchés à un taux très bas, autour de 1%. Ce taux sera appliqué aux nouveaux emprunts obligataires de la France, mais absolument pas à la dette contractée auparavant. Actuellement en France, la dette souveraine a une maturité d'environ 7 ans, ce qui veut dire qu'actuellement, on rembourse "en moyenne" une dette émise en 2005. Ce n'est absolument pas parce que le taux va être divisé par trois en 2018 (de 3% en moyenne à 1% en moyenne) que la charge d'intérêt de la dette sera divisée par trois instantanément. Elle le sera, mais sur le long terme, environ 7 ans après si les taux restent stablent à 1% entre 2018 et 2025.
Â
Â
Sur le site du FN, le professeur Sulzer explique pourtant que "De par la rotation totale du portefeuille de la dette publique en 7 ans, ce taux moyen pondéré décroit structurellement à partir de 2018 pour atteindre 1 % en fin de période". L'intégralité du discours et les modélisations sont visibles sur le site MarineLePen2012, le Captain' n'invente rien... Mais pourtant le taux de 1% est appliqué dès 2018, et n'est pas du tout pondéré (1873 mds de dette en 2018 et 19 mds d'intérêts ; 837 mds de dette en 2025 et 9 mds d'intérêts). Formule de pondération Excel : #Fail !
Â
Â
Conclusion: A moins que le Captain' n'ait rien compris à l'économie ou à la modélisation du FN (ça peut m'arriver), cette nouvelle erreur de chiffrage dans le programme du FN montre bien que la belle carapace du FN n'est pas bien solide. Marine Le Pen annonce un retour à l'équilibre budgétaire en 2018 et une réduction très forte de la dette, le tout "sans sacrifices sociaux". "Pas de plan de rigueur, mais un plan de vigueur"! Mais forcément, lorsque l'on monétise la dette, que l'on chiffre sur des hypothèses de croissance ultra-élevées (2,8% en 2017) et que l'on suppose que l'on empruntera à 1% en 2018 (en cheatant en + sur la charge d'intérêt de la dette), pas vraiment besoin de sacrifices sociaux...