Dimanche 6 mai, d'autres élections cruciales avaient lieu en Europe : les élections législatives anticipées en Grèce. Exaspérés par les cures d'austérité à répétition, les grecs ont massivement rejeté la politique des deux partis au pouvoir. Les deux principaux partis historiques, à savoir le PASOK (équivalent PS) et Nouvelle Démocratie (équivalent UMP) n'ont obtenu que 32% des voix. Même ensemble, les deux partis ne peuvent pas former un gouvernement de coalition "pro-austérité" et "pro-euro", car ils ne disposent que de 149 sièges sur les 300 que comptent l'Assemblée grecque.
Comment avec seulement 32% des voix, les deux principaux partis ont réussi à obtenir quasi la moitié des sièges? Car l'élection législative se fait sur un mode de scrutin mixte: le parti ayant reçu le plus de voix récoltant automatiquement 50 sièges (ici Nouvelle Démocratie); les 250 sièges restant étant répartis à la représentation proportionnelle entre les partis ayant obtenu au moins 3% des suffrages.
Tous les autres partis sont opposés aux mesures d'austérité; à des échelles différentes mais tout de même opposés. Le parti néo-nazi "Aube Dorée" faisant même pour la première fois son entrée à l'Assemblée, avec 21 sièges et 6,97% des voix !
Le résultat des élections législatives en Grèce sonne donc sûrement la sortie de la Grèce de la zone euro. Pourquoi? Car hier soir, le leader du parti Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, a annoncé l'échec des négociations sur la formation d'un gouvernement de coalition et a "déclaré forfait", passant le fardeau à Alexis Tsipras, chef de la gauche radicale (deuxième parti du pays en nombre de sièges, devant le PASOK) et hostile aux mesures d'austérité. Si ce dernier n'arrive pas à former un nouveau gouvernement d'unité nationale, de nouvelles élections auront lieu en juin.
Selon les experts politiques, de nouvelles élections dans ce contexte se traduiraient par une victoire évidente du bloc de la gauche radical, favorable à l'arrêt d'une partie du paiement de la dette et à une renégociation des accords avec le "troïka" (FMI, BCE, UE). Cela mettrait en péril le respect des engagements grecs, et pourrait donc mettre un terme aux plans d'aides (les plans d'aides étant conditionnés à des engagements de réduction des déficits de la Grèce auprès de la troïka). Incapable de se financer sur les marchés internationaux, la Grèce devrait alors en toute vraisemblance faire défaut sur sa dette et sortir de l'euro afin de retrouver une politique monétaire indépendante. Comment est-ce possible? C'est assez difficile à imaginer, car ce serait une première, mais le Captain' avait publié un article sur ce sujet en décembre: "Comment la Grèce pourrait quitter l'Euro ? Les implications concrètes."
Très intéressant aussi, la chronique de Nicolas Doze ce matin sur BFM Business (l'enthousiasme n'est pas de rigueur...)
Conclusion: La fin semble de plus en plus proche... Nicolas Doze dans la vidéo ci-dessus, comme un nombre grandissant de spécialistes, propose de résoudre en partie le problème de la dette par l'inflation. Comment cela fonctionne? Je vous conseille de lire "L'inflation et la réduction du poids de la dette" (by le Captain') ou bien en un peu plus technique "Using Inflation to Erode the U.S. Public Debt".