L'économiste Jacques Attali a annoncé dans un interview pour 20 minutes (27 novembre), qu "aujourd'hui, la note est perdue (i.e le AAA). La question désormais est la suivante : Est-ce que l'euro existera toujours à Noël ? Il y a plus d'une chance sur deux pour que la monnaie unique ne soit plus là ou du moins qu'elle soit en train de se défaire."
C'est à la mode en ce moment de prévoir des événements en annonçant une proba "d'une chance sur deux". L'économiste Nouriel Roubini, présenté dans les médias comme l'homme qui avait prédit la crise, a quant à lui annoncé qu'il y avait une chance sur deux de voir une récession en 2012. Comme ça si il y a une récession, il aura raison ; si il n'y a pas récession, il aura raison aussi. Habile Bill !
Alors le père Noël va t-il nous amener des beaux francs français clinquant et trébuchant dans son traîneau? Si aucune mesure n'est prise au niveau de la BCE et au niveau de la gouvernance économique européenne (pour résumer si chacun campe sur ses positions), il est clair qu'il y a un réel risque, même à court terme, pesant sur la survie de l'euro. Il est cependant quasi inimaginable de penser qu'aucune action ne sera entreprise pour contrer cela (la disparition de l'euro créerait un bordel monstrueux, entre autre au niveau de la dette qui sera toujours libellée en euros). Le scénario proposé par Mister Attali pour éviter ce scénario catastrophe est (1) permettre à la BCE de racheter des obligations d'Etat (comme la Federal Reserve le fait avec les obligations américaines), (2) trouver un accord sur le contrôle des déficits budgétaires, (3) créer des eurobonds.
La prévision du Captain' : Changement du mandat ou augmentation des interventions de la BCE en cas de pressions sur les marchés (surtout en Italie et en Espagne) = Euro à Noël 2011. Je n'ai malheureusement pas de contact avec Angela pour vous en dire plus sur le problème de l'euro, qui est sur le court terme davantage un problème politique et de gouvernance qu'un problème économique.
Par contre au niveau du AAA de la France, le Captain' adopte la tournure à la mode "une chance sur deux pour que la France ne soit plus AAA à Noël". Plus sérieusement, si l'on regarde les écarts de taux sur le marché, on peut voir que la dégradation du rating de la France est déjà incorporée, tout du moins en partie, dans le taux d'emprunt actuel. En effet, si la France était actuellement un vrai AAA, elle devrait donc pouvoir emprunter en payant le même taux d'intérêt que l'Allemagne. La différence entre le taux auquel la France emprunte à 10 ans (les obligations à 10 ans de la France sont les OAT : Obligation Assimilable du Trésor) et le taux auquel l'Allemagne emprunte à 10 ans (ce que l'on appelle le Bund) est appelé le spread de taux.
Alors que la France empruntait à des taux semblables aux taux allemand jusque début 2008, la France doit actuellement payer 1,2 points de plus que l'Allemagne (120 points de base). Seulement six pays de la zone euro ont encore le triple A: l'Allemagne, la France, l'Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Finlande. En octobre 2011 (les stats pour novembre ne sont pas dispos sur le site de la BCE), l'Allemagne empruntait à 2%, la France à 2,99%, l'Autriche à 2,92%, les Pays-Bas à 2,46%, le Luxembourg à 2,37% et la Finlande à 2,51%. La France était donc déjà en octobre en dernière position des derniers survivants zone euro AAA. Etant donné l'évolution très négative des taux en France en novembre (actuellement autour de 3,5%), on peut dire que les marchés ne considèrent donc déjà plus la dette française comme un véritable AAA (pour voir le taux auxquels l'ensemble des pays européen emprunte sur les marchés, rdv sur le site de la BCE).
L'OCDE a de plus révisé ses prévisions de croissance pour la France en 2013 à +0,3%, contre +1% prévue actuellement par le gouvernement. La très faible croissance en 2012 devrait augmenter le déficit public français (si il n'y a pas de nouveau plan d'austérité), et donc augmenter davantage encore le risque de dégradation.
La prévision du Captain' : Tchao le triple A sous six mois...
Terminons sur deux points positifs. La menace de dégradation a permis au gouvernement de passer certaines mesures qui seront utiles sur le long terme pour rééquilibrer le budget. Si la perte du AAA est déjà en grande partie intégrée par les marchés financiers, les conséquences sur le taux des OAT ne devrait pas être si désastreuses (bon c'est Noël, j'ai envie d'y croire).