L'hypothèse d'efficience des marchés financiers est un concept central de la théorie financière moderne. Si les marchés sont efficients, cela signifie qu'aucune stratégie d'investissement ne peut permettre de dégager, pour un niveau de risque donné, un profit anormal. Pour le dire plus simplement, cela signifie qu'il est impossible de "battre le marché" sur le long terme !
Un marché est efficient si les prix intègrent à tout moment l'ensemble de l'information disponible. Il existe trois formes d'efficience pour définir le concept "d'information disponible": (1) l'efficience faible selon laquelle lâ€information contenue dans les prix de marché passés est complètement reï¬Ã©tée par les prix des actifs, (2) l'efficience semi-forte selon laquelle toutes les informations publiques sont complètement pris esen compte par les prix et (3) l'efficience forte selon laquelle toutes les informations disponibles, publiques et privées, sont prises en compte par les prix.
La forme faible de l'efficience revient à considérer que l'analyse technique (ou charting) est inutile. En effet, si l'intégralité de l'information passée est déjà comprise dans le prix actuel, alors il est vain de regarder les variations passées pour prévoir les variations futures. Mais d'ailleurs, qu'est ce que l'analyse technique? Cette méthode consiste à étudier les variations passées du cours d'un actif financier, afin d'identifier des tendances, des niveaux de supports ou tous les indicateurs pouvant, pour les chartistes, permettrent de prévoir le cours futur d'un actif financier. Le charting consiste pour simplifier à faire plein de trait sur un graphique, en se disant "ah l'action XX a trois fois de suite diminué jusqu'à un niveau de 60$, mais n'a jamais cassé le support ; je vais donc acheter si l'action baisse autour de 60$ en supposant que cela va suivre dans le futur le même schéma et donc que le cours de l'action va augmenter".
Dans le cas de l'efficience faible, le cours des actifs suit ce que l'on appelle une marche aléatoire. Il est donc impossible de battre le marché en utilisant l'analyse technique (en considérant toujours le même niveau de risque).
La forme semi-forte de l'efficience aboutit à remettre en cause l'efficacité des analyses fondamentales basées sur les données publiques disponibles (bilan comptable des entreprises, variable macro-économique...). En effet, à quoi bon passer des heures à analyser le rapport annuel d'une entreprise, alors que toute l'information contenue dans ce rapport à déjà été intégrée dans le prix ?
Pour tester la validité de la forme forte de l'efficience des marchés, c'est à dire celle indiquant que l'intégralité de l'information publique ET privée est déjà incorporée dans le prix, il convient de tester si certains acteurs privilégiés (chefs d'entreprises, intermédiaires sur le marché, gestionnaire de portefeuille), qui pourraient avoir accès à des informations exclusives, obtiennent des performances supérieures à la moyenne.
De nombreuses études se sont intéressées à cela, en testant les performances sur le long terme de différents gestionnaires de portefeuille par rapport à une stratégie totalement aléatoire de même niveau de risque.
Même s'il est vrai que toutes les études n'arrivent pas aux mêmes conclusions en ce qui concerne la validité ou non de l'hypothèse d'efficience des marchés, le papier de recherche L'efficience informationnelle des marchés: une hypothèse, et au-delà ? (2004) conclue de la manière suivante "C'est ainsi que la majorité des analyses empiriques convergent pour concéder un niveau d'efficience au moins semi-fort aux marchés étudiés et pour confirmer l'absence de profits anomaux systématiques, même parmi les gestionnaires professionnel censés représenter les agents les mieux informés en temps réel".
Conclusion: Le Captain' aura l'occasion de revenir plus en détail sur l'efficience des marchés ; un sujet aussi vaste que passionnant. Le site Margin Call a publié récemment un article en lien avec l'efficience que je vous invite à lire, intitulé "Monkey Business: Quand les chimpanzés discréditent les meilleurs gestionnaires". Voici un petit extrait pour vous mettre en apétit "Le cas Raven nâ€est cependant que lâ€Ã©phémère illustration dâ€un fait peu flatteur pour la communauté financière : le hasard et la gestion passive font parfois (souvent?) mieux les choses que la crème de la crème des managers."