Le 17 septembre 2008, la Federal Reserve injecte 85 milliards de dollars pour éviter la faillite de l'ancien numéro un mondial de l'assurance, AIG. Au total sur l'ensemble de la crise, le sauvetage d'AIG aura coûté 182 mds de dollars! Et tout ça au frais de qui? Du pauvre contribuable américain! Bien la démago, mais contrairement aux idées reçues, le sauvetage d'AIG pourrait rapporter de l'argent au contribuable américain.
Cet article ne porte pas sur la gestion du risque catastrophique d'AIG avant la crise, ayant entraîné la chute de sa valeur en bourse, de 1450 dollars l'action en juin 2007 à moins de 10 dollars début 2009 (voir graph ci-dessous)! Mais bien sur le fait que dans la plupart des cas, les sauvetages et aides de l'Etat aux banques ne se font pas au détriment des pauvres contribuables que nous sommes et entraînent un gain pour l'Etat. Les aides de l'Etat ne sont pas des dons ou des subventions aux banques, il s'agit soit de prêts sur lesquels l'Etat touche des intérêts, soit de participations au capital qui peuvent être revendues ensuite à un prix supérieur si l'entreprise se relance.
En France, l'intégralité des aides accordées aux banques durant la crise ont été remboursées, entraînant un gain pour l'Etat. Par exemple l'Etat avait injecté 5,1 mds d'euros au capital de BNP Paribas au moment de la crise et a récupéré sa mise plus une rémunération de 226 millions d'euros seulement 7 mois après. En ce qui concerne AIG, le gouvernement américain possédait, début 2011, 92% du capital de l'assureur. Le Trésor américain a payé en moyenne 28,73 dollars par action pour sauver AIG de la faillite; si le gouvernement arrive à revendre ses participations à un prix supérieur à ce dernier, il y aura alors un gain pour le contribuable.
Sur le graphique on peut croire que le cours de l'action AIG est actuellement proche de 0, mais si l'on zoom pour éviter le problème d'échelle (pas évident de passer de 1400 dollars à 7 dollars sur un même graphique), l'action évolue actuellement autour de 23$. L'Etat américain souhaite revendre petit à petit sa participation au capital d'AIG. Mais pourquoi l'Etat n'a pas tout revendu début 2011 lorsque l'action valait environ 60$, ce qui aurait entrainer un fort gain pour l'Etat?
Simplement car lorsque l'on contrôle 92% d'une entreprise, il est impossible de revendre l'intégralité de sa participation sous peine de voir une baisse mécanique du cours. En mai 2011, le Trésor américain a cédé 200 millions d'actions AIG à 29 dollars chacune, réduisant ainsi sa participation de 92% à 77%. Le Trésor a, sur cette opération, récupéré la mise engagée lors du sauvetage d'AIG (vente au cours moyen d'achat lors du sauvetage, pour être précis le gain est de 0,27 $ * 200 millions actions = 54 millions de dollars). Il est vrai que depuis quelques mois, le cours d'AIG est en baisse (comme la quasi intégralité des valeurs boursières) et donc si le Trésor américain revend maintenant il y aura une perte. Mais sur le long terme on peut imaginer que le plan de sauvetage AIG ne coûtera rien au contribuable américain et pourrait même rapporter de l'argent en cas de reprise économique.
Le sauvetage de Citigroup, sous une forme similaire au sauvetage d'AIG, a permis au Trésor américain de dégager un bénéfice de 12 milliards de dollars (en dividendes et intérêts). Le Trésor américain avait investit 45 milliards de dollars pour éviter Citigroup de sombrer, et en a récupéré 57 seulement deux ans après. Pas mal comme investissement "au frais du contribuable".