Si l'on regarde les statistiques de l'INSEE, l'inflation entre 2001 et 2011 est à la virgule près la même que sur la période de 1990 à 2000 (+1,9% par an en moyenne). Cependant, si vous demandez dans la rue si les prix ont davantage augmenté depuis 10 ans que sur la période précédente, le Captain' est certain qu'une grande majorité des personnes sondées vous répondrons que les prix augmentent beaucoup plus vite depuis quelques années. La fameuse histoire de la baguette à 1 franc qui coûte désormais 1 euro...
Selon la définition de l'INSEE, "l'indice des prix à la consommation (IPC) est l'instrument de mesure de l'inflation. Il permet d'estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix des produits consommés par les ménages." L'inflation est donc définie comme la variation de prix d'un panier de biens et services représentatif de la consommation des français. En 2010, le panier était composé comme ci-après:
Ce panier est un panier de référence moyen, pour l'ensemble des français. Si l'on prend donc en compte la totalité de la consommation des français, les principaux postes de dépenses sont l'alimentation (16% des dépenses), les transports (16%) et le logement, eau, gaz et électricité (14%)... Mais comme l'on peut s'en douter, la répartition des dépenses n'est pas la même selon les classes sociales. La part des dépenses en alimentation, en transport et en logement des classes sociales les plus pauvres étant supérieures à la moyenne française, une hausse du prix de ces postes touche directement le pouvoir d'achat des ménages les plus pauvres. Alors que depuis 2001, les prix ont augmenté au total de 22% (soit environ 1,9% en moyenne par an), les prix du poste de dépense "Transport", dont une partie dépend du prix de l'essence, ont augmenté de 35% et les prix du logement de 42%! Assez surprenant, les prix alimentaires n'ont pas augmenté plus vite que les autres prix (+24% en 11 ans).
La hausse du prix des matières premières et de l'énergie affecte donc directement les ménages les plus pauvres. Une étude très intéressante de Freakonomics explique la crise des subprimes par la part très importante de la facture énergétique dans le panier de la population pauvre américaine. En effet, pour ces ménages pauvres habitant en banlieue, loin de leur lieu de travail, et ayant des vieilles voitures consommant énormément, les dépenses en énergie ont totalement éclaté entre 2000 et 2008. La facture énergétique des ménages du dernier quartile (= les 25% des ménages les plus pauvres) représentait 41% des dépenses de ces ménages. Et c'est cette hausse des prix de l'essence qui a, entre autre, fait diminuer la valeur des habitations éloignées du centre ville et qui, combinée à une hausse des défauts de paiement, a déclenché la crise des subprimes. Pour plus d'infos sur ce sujet, le Captain' vous conseille le papier de recherche de chercheurs de Berkeley "How High Gas Prices Triggered the Housing Crisis: Theory and Empirical Evidence".
Conclusion: Alors que pourtant les prix n'ont pas plus augmenté en moyenne entre 2001 et 2011 que durant les 10 années précédentes, le sentiment global des français est différent. Cela peut s'expliquer par la provenance de l'inflation, principalement au niveau du logement et de l'énergie. Cette hausse est davantage perçue par les français car elle concerne des dépenses de tous les jours et touche principalement les classes les plus pauvres. Alors qu'en France le pouvoir d'achat a augmenté d'environ de 3% durant le quinquennat de Sarkozy, le Captain' serait prêt à parier que le pouvoir d'achat des ménages gagnant un tout petit peu plus que le SMIC a stagné, voire diminué, depuis 5 ans (mais impossibilité de vérifier, les chiffres ne sont pas disponibles).