Ces deux questions peuvent paraître stupides, mais sont plus techniques qu'elles n'y paraissent. En effet, le taux de chômage n'est absolument pas égal au nombre de personnes sans emploi divisé par la population totale. Et ce chiffre n'est pas défini avec des données sur l'intégralité des français, mais par une enquête mensuelle sur un nombre limité de foyer. Incursion dans les méandres des statistiques de l'INSEE...
Pour définir le taux de chômage, il convient tout d'abord de définir c'est qu'est un chômeur. Pour qu'une personne soit considérée comme au chômage, il faut qu'elle respecte, selon le Bureau International du Travail, les trois conditions suivantes:
(1) Ãtre sans emploi... Bon jusque là on s'en doutait un peu. Pour être plus précis, ce sont les personnes âgées dâ€au moins 15 ans et qui n'ont pas effectué au moins une heure de travail rémunéré durant la semaine de référence (hors congé rémunéré ou congé non-rémunéré si durée inférieure à 91 jours).
(2) Rechercher activement un emploi, c'est-à -dire avoir pris, au cours des quatre dernières semaines, des dispositions spécifiques (répondre à une petite annonce, contacter une agence d'intérim, avoir eu un entretien au Pôle emploi...) pour chercher un emploi salarié ou non salarié.
(3) Ãtre disponible pour travailler, c'est à dire pouvoir commencer à travailler dans un délai de deux semaines.
Sur la population en âge de travailler (= + de 15 ans), on classe les individus en trois catégories: (1) les actifs ayant un emploi, (2) les chômeurs et (3) les inactifs. Le taux de chômage correspond au nombre de chômeur divisé par la population active.
C'est d'ailleurs pour cela que l'on peut assister, durant certaines périodes, à une baisse du chômage mais sans hausse de l'emploi. Cela peut arriver lorsque des chômeurs se découragent et arrêtent de chercher activement un job (et deviennent donc des inactifs pour l'INSEE). Il est donc important pour analyser précisément l'évolution de l'emploi dans un pays, de regarder le taux de chômage mais aussi le taux d'emploi ou le taux d'activité.
Selon l'INSEE (source ici), le taux de chômage au 4ème trimestre 2011 s'élèvait à 9,8% en France, et le taux d'activité des 15-64 ans (= population active / population de 15 à 64 ans) est de 70,5%. Le taux d'activité chez les hommes était de 74,7% contre 66,4% chez les femmes. Le taux d'emploi des 15/64 ans (= actifs ayant un emploi / population de 15 à 64 ans) était de 63,8%.
Pour faire simple et en arrondissant. Vous prenez 100 personnes au hasard ayant entre 15 et 64 ans. Sur ces 100 personnes, 29 sont inactives (étudiants, femme/homme au foyer, pré-retraite...). 71 personnes souhaitent donc travailler. Sur ces 71 personnes, environ 64 personnes ont un travail (dont environ 49 en CDI).
Sur 100 personnes de 15 à 64 ans, 7 personnes sont au chômage, ce qui fait tout de même bien un taux de chômage d'environ 10%; le taux de chômage étant défini comme le nombre de chômeur (=7) divisé par la population active (=71). Même pas besoin d'une calculatrice ici.
Mais comment est défini par l'INSEE le nombre de chômeurs, d'actifs ayant un emploi et d'inactifs. Pour cela, l'INSEE réalise en continu une "Enquête emploi" sur un échantillon sélectionné. Par exemple au second trimestre 2010 (source: Sources et méthodes Enquête Emploi en continu), l'étude a été réalisée sur un total de 67.000 résidences principales tirées au sort, représentant un total de 108.000 répondants. Le taux de sondage étant de 380, cela signifie qu'un logement de lâ€Ã©chantillon représenterait 380 logements de la population totale si tous les logements pouvaient effectivement être enquêtés. "1 sur 380, mais la marge d'erreur doit être assez grande tout de même ?". Non non aucune inquiétude, étant donné la taille de l'échantillon, la marge d'erreur est infinitésimale. Pour comparaison, la grande majorité des sondages (IFOP, CSA et autres...) est réalisée sur un échantillon de seulement 1000 personnes (avec une marge d'erreur relativement faible, entre 2 et 3%).
Jusqu'en septembre 2007, le taux de chômage était estimé mensuellement en prenant en compte les données du Pôle Emploi. Mais suite à de fortes divergences entre ces données mensuelles et celles collectées lors de l'Enquête emploi trimestrielle, et pour harmoniser la définition du chômage au niveau européen, l'INSEE a changé sa méthodologie à cette période. Et là surprise, le taux de chômage a baissé d'un point directement, passant de 9,8% à 8,8% (source: INSEE Changements méthodologiques dans lâ€estimation du taux de chômage).
Conclusion: Rendre le travail plus flexible, réduire les charges patronales ou bien encore lancer des grands projets de depénses keynesiennes pour réduire le taux de chômage en France ! Stop! Il y a beaucoup plus simple. Il suffit de changer discrètement la méthodologie et c'est gagné ;) Autre méthode: décourager les chômeurs pour qu'ils deviennent inactifs. Votez le Captain', l'homme qui vous réduira le taux de chômage, même en période de crise !