Une des différences majeures entre le programme de Nicolas Sarkozy et celui de François Hollande concerne le nombre de fonctionnaires en France. Mis en place fin 2007 par Nicolas Sarkozy, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite a entraîné une diminution du nombre de fonctionnaires de l'Etat d'environ 150.000 postes sur 5 ans. Selon un rapport de la RGPP (Révision Générale des Politques Publiques - source ici), "En 2012, le nombre de fonctionnaires de lâEtat devrait revenir à son niveau des années 1990, soit 150.000 de moins sur la durée du quinquennat (2007-2012), ce qui équivaut à une réduction de 7% de la fonction publique de lâÃtat.".
Tout d'abord, il convient de faire attention au fait que ces mesures de non-remplacement concernent uniquement les fonctionnaires de l'Etat ; les fonctionnaires des collectivités territoriales et de la fonction publique hospitalière n'étant pas pour le moment concernés par ces mesures. Nicolas Sarkozy a cependant annoncé récemment vouloir "étendre le non-remplacement des fonctionnaires aux grosses collectivités".
François Hollande compte, s'il est élu, arrêter le principe du non-remplacement d'un fonctionnaire de l'Etat sur deux partant à la retraite. Le nombre de fonctionnaire de l'Etat ne diminuera donc pas... Enfin comme préfère l'annoncer François Hollande dans son programme officiel "toute nouvelle dépense sera financée par des économies et le nombre total des fonctionnaires de lâ€Ãtat nâ€augmentera pas". Question de point de vue...
Le nombre de fonctionnaires de l'Etat sera donc stable si François Hollande était élu, mais ce dernier annonce pourtant la création de 60.000 postes dans l'Ãducation Nationale, et de 5.000 postes dans la police, la gendarmerie et la justice. Donc comme vous vous en doutez bien, cela implique le non-remplacement de nombreux fonctionnaires dans les autres ministères pour compenser cette hausse de 13.000 postes par an dans l'Ãducation et l'Intérieur (police, gendarmerie, justice...).
L'excellentissime site "Débat & Co" a donc réalisé une étude pour estimer le pourcentage de non-renouvellement dans les ministères non-concernés par la hausse du nombre de fonctionnaires. En se basant sur les chiffres de 2010, "Le non renouvellement des départs à la retraite sur les ministères hors Intérieur, Ãducation et Recherche serait alors de 13 000 / 27 600 = 47 %, soit environ 1 départ sur 2 non renouvelé".
Pour simplifier la mesure de François Hollande, elle consiste donc à continuer la mesure de Nicolas Sarkozy du non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux, sauf en ce qui concerne l'Education et l'Intérieur où les postes augmenteront au rythme des départs non-remplacés dans les autres ministères.
Et combien cela coûtera donc à l'Etat de créer 13.000 postes de plus pendant 5 ans? Encore et toujours, Débat & Co a réalisé une étude détaillée sur ce sujet, afin d'estimer le coût chaque année de cette mesure, puis son coût à terme en 2017 : 12.000 recrutements par an dans l'Education (1er tableau) et 1.000 par an pour l'Intérieur (2ème tableau).
A terme, une fois les 65.000 postes créés, le coût annuel pour l'Etat de ces mesures est estimé par l'Institut à environ 2 mds d'euros par an (1,86 mds pour l'augmentation de 60.000 postes dans l'Education et 137 millions par an pour les 5.000 postes gendarmerie/police/justice). Il y a une petite polémique sur ce chiffrage par François Hollande (voir ci-dessous). Je ne sais pas exactement si François Hollande a effectivement dit cette connerie ou bien si cela a mal été interprété, mais en tout cas dans le budget, tout est bien chiffré et cohérent. Lorsque l'on parle du coût d'une réforme, la norme veut que l'on parle en valeur annuelle à terme (ici 1,9 mds d'euros en fin de mandat) et non pas en montant total sur le quinquennat (7,1 mds d'euros).
Conclusion: Le coût de ces créations de 65.000 postes en 5 ans est l'une des questions centrales du débat actuel. Comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous, issu du programme officiel de François Hollande, ces créations coûteront à terme environ 2 mds d'euros par an. Avantages: en plus de la hausse théorique du niveau scolaire des jeunes français, il pourrait y avoir un effet positif sur la consommation et l'emploi... Mais ces créations de postes vont aussi créer une dette implicite pour l'Ãtat qui s'engage à payer les pensions de ces agents lorsqu'ils auront atteint l'âge de la retraite. Et avec le départ à la retraite à partir de 60 ans (si 41 annuités), comme prévu dans le programme de François Hollande, c'est un peu le double effet kiss-cool. Sans être partisan, le Captain' renouvelle une fois de plus son désaccord en ce qui concerne la mesure de la retraite proposée par François Hollande : mesure qui me semble incompatible avec l'évolution démographique et la situation actuelle de la France.