Ce billet est cosigné avec Arthur Charpentier [Université Rennes 1], aka @freakonometrics (http://freakonometrics.hypotheses.org/)
Les blogs économiques prennent aujourd'hui une place centrale dans le débat et l'analyse économique, comme le notait Alex Tabarrok. Mais si la blogosphère économique francophone est encore relativement modeste, elle n'en est pas moins active, et pourrait connaître le même succès que les blogs anglophones dans les années à venir.
La genèse de la blogosphère économie
Au début de l'année 2005, Bernard Salanié - alors professeur à l'Université de Columbia (New York) â publiait le premier billet de son blog « Lâéconomie sans tabou », dans la continuité d'un ouvrage éponyme publié lâannée précédente. A la même époque, Alexandre Delaigue et Stéphane Ménia - tous deux anciens étudiants de l'Ecole Normale Supérieure de Cachan et respectivement enseignants en école militaire et au secondaire â lançaient un blog "éconoclaste", avec une vocation de vulgarisation assez proche de celle de Stephen Dubner et Steven Levitt, les auteurs du best-seller Freakonomics.
Ce mouvement en France faisait écho à celui qui se développait aux Etats-Unis, où des économistes de renom comme Bradford DeLong, (« Grasping Reality »), Tyler Cowen (« Marginal Revolution ») ou encore Gary Becker et Richard Posner (« The Becker-Posner blog ») commençaient à bloguer. Pour reprendre les propos de Gary Becker, prix Nobel dâéconomie, la blogosphère avait alors le pouvoir de remplacer le marché dans lâoptimisation du processus de partage de connaissance entre les individus.
Blogging is a major new social, political, and economic phenomenon. It is a fresh and striking exemplification of Friedrich Hayekâs thesis that knowledge is widely distributed among people and that the challenge to society is to create mechanisms for pooling that knowledge. The powerful mechanism that was the focus of Hayekâs work, as as of economists generally, is the price system (the market). The newest mechanism is the « blogosphere »
Le phénomène sâest par la suite amplifié à partir des années 2007-2008, sûrement aidé indirectement par la crise financière et économique ayant replacé lâéconomie au centre des débats. En France, cette période est alors marquée par lâapparition de nombreux blogs, animés le plus souvent par des enseignants-chercheurs. Sans être exhaustif, citons par exemple Olivier Bouba-Olga (Université de Poitiers, o-bouba-olga), Anne Lavigne (Université dâOrléans, legizmoblog), Antoine Belgodere (Université de Corse, optimum-blog), Etienne Wasmer (Sciences Po, ew-econ), Arthur Charpentier (Université Rennes 1, freakonometrics) ou encore Cyril Hédoin (Université de Reims, rationalitelimitee). Notons aussi le blog de Paul Jorion (pauljorion), anthropologue de formation, ayant dès 2007 très largement traité de lâévolution du marché immobilier américain et de lâimminence dâune future crise.
A la même époque, câest aussi en France le début des blogs hébergés par des médias traditionnels, sur lesquels journalistes ou enseignants-chercheurs pouvaient s'exprimer. Une fois encore, ce format dâarticles, à la frontière entre lâéditorial et le billet dâhumeur, est inspiré de ce que lâon a pu voir apparaître quelques années auparavant aux Etats-Unis avec Paul Krugman, futur prix Nobel dâéconomie, dont lâéditorial bihebdomadaire dans le New York Times depuis 1999 sâest par la suite transformé en blog (« The Conscience of a Liberal »). Alternative Economique en est un très bon exemple, en hébergeant les blogs de Jean Gadrey, de Gilles Raveaud ou encore de Christian Chavagneux. Dans cette continuité, on retiendra aussi les billets dâEric Askenazy Eric sur son blog hébergé par le Nouvel Obs (philippeaskenazy.blogs.nouvelobs), de Frédéric Lordon hébergé par le Monde Diplomatique (La-pompe-a-phynance ) ou plus récemment, de Thomas Piketty hébergé par Le Monde (piketty.blog.lemonde.fr), à la fois en anglais et en français.
Au-delà des blogs, ce sont surtout les bloggeurs et leurs personnalités qui ont marqué les esprits. Chaque blog avait un style et souvent un parti pris reconnaissables entre tous. Et pourtant, malgré la diversité des approches, des styles et des thématiques traitées, une caractéristique commune réunissait la quasi-totalité des blogueurs: la liberté. Liberté de forme, liberté de ton, liberté de choix du sujet⦠Autant de composantes importantes, revendiquées par les blogueurs, permettant dâoffrir une science économique plus « ouverte sur le monde ».
Il faut se souvenir quâau début des années 2000, les étudiants avaient accès à quelques notes de cours en français, ou avec un peu de chance (si les bibliothèques étaient bien fournies) aux ouvrages de références publiés en anglais. L'ouverture se faisait alors par la lecture du supplément « économie » du Monde toutes les semaines, ou tous les mois du dernier numéro d'Alternative Economique. Les blogs ont probablement comblé un manque que beaucoup regrettaient. Aussi, plusieurs blogs ont permis à des chercheurs « hétérodoxes » - ne s'inscrivant pas dans la mouvance « dominante néoclassique » - d'avoir un endroit pour faire passer des idées, par exemple. On pouvait trouver des billets de blogs sur des épisodes de l'histoire de la pensée économique, sur des applications réelles de concepts de théorie des jeux, d'explications plus heuristiques sur la convergence d'estimateurs sur des données de panels, etc. A la même époque, la crise de 2008 a été l'occasion de lire des articles de fond et de qualité, mais le plus souvent au sein de la blogosphère américaine. Car même si l'enseignement de l'histoire de la pensée économique permettait de voir l'originalité de la pensée d'Adam Smith, de John Maynard Keynes, de Friedrich Hayek ou d'Iriving Fisher, pour un étudiant en science économique, les débats semblaient figés, presque historiques. Les blogs ont permis d'offrir - presque quotidiennement - des échanges passionnés sur des aspects pointus, d'une profondeur et d'une qualité que les médias traditionnels ne peuvent tout simplement pas accueillir.
Le blog économique, auteurs et lecteurs
Le mot blog, né de la contraction de « web-log », a été gardé en français, même si le terme « bloc-note » a été proposé (pour garder lâidée dâune entrée dans un registre, traduction littérale de « web-log »), ou encore « carnet », retenu par les québécois. Le terme est assez vague pour englober des formes et des pratiques très différentes. Historiquement, les analyses économiques étaient présentées dans des ouvrages spécialisés, des journaux ou magazines spécialisés, ou des chroniques dans des journaux et revues plus grands publics, voire des émissions de radio, ou de télévision. Avec lâarrivée des médias sociaux, dâautres formes ont été adoptées pour discuter et expliquer lâéconomie. Des wiki collectifs et collaboratifs ont été créés, dans un souci de pédagogie populaire ; des forums ont été ouverts pour lancer des débats, où tout un chacun peut prendre la parole et donner son avis ; et surtout des blogs ont été initiés, sous lâimpulsion de bloggeurs qui ont trouvé là un moyen dâexpression complémentaire à leur activité quotidienne.
Les bloggeurs institutionnels (CEPII, OFCE) ont utilisé le billet de blog en complément, ou en remplacement, à des lettres dâinformation, traditionnellement publiées dans un format papier. Il sâagit dâun outil de communication, visant à diffuser les travaux menés dans ces institutions. Dans le même esprit, on pourra retrouver les blogs de « professionnels de lâéconomie », tenus par des banquiers, des assureurs. Si certains essayent de rester anonymes, dâautres au contraire sâaffichent et sâoffrent ainsi une seconde identité. Les bloggeurs journalistes (Alternative Economique) ont utilisé le billet de blog afin de sâaffranchir du caractère mensuel du magazine. La forme y est plus libre, et le journaliste peut faire un court article pour discuter un indicateur statistique récemment publié, annoncer un décès, ou présenter un ouvrage qui vient de paraître. Enfin, les bloggeurs académiques représentent une part non négligeable de la blogosphère économique.
Une explication souvent avancée est le besoin de quitter la « tour dâivoire » du monde académique, souvent reprochée aux universitaires. La majorité des revues dâéconomies sont devenues très spécialisées, souvent très théoriques, et ne permettent de toucher que des collègues universitaires, ou occasionnellement, des économistes professionnels. Les billets de blog permettent aux universitaires de toucher un public plus large, comme ils pouvaient le faire historiquement en publiant un « point de vue » - ou dans le meilleur des cas une « chronique » - dans un quotidien ou un hebdomadaire. Le billet de blog, en tant quâoutil pédagogique, permet de présenter un paradoxe connu en science économique, ou dâéclairer un fait économique à la lumière dâune théorie plus générale, voire dâun modèle économétrique.
Le blog est alors lâoccasion de retrouver un langage plus littéraire, assez éloigné de la terminologie absconse des revues académiques, plus proche de lâexposé de séminaire, où une petite anecdote permet souvent dâéclairer le public (rapprochant alors l'économie de la « vraie vie »). Les délais de publication dans les journaux académiques se comptent en années, alors que le blog permet de réagir beaucoup plus rapidement. La majorité des revues sont payantes, chères et fermées, alors que les blogs sont par nature ouverts. Enfin, si les revues académiques recherchent des papiers techniques, formels et complexes, les blogs incitent les auteurs à la modestie, voire la sagesse. Il n'est pas surprenant de voir d'ailleurs certaines revues (sous l'impulsion de Nature ou de American Scientist) voire certains portails de revues (comme Jstor) héberger des blogs, qui proposent des compléments, plus « grand public » aux articles qu'ils publient.
S'il est aisé de connaître la plupart des bloggeurs économiques (il existe même des classements des meilleurs « econ blogs »), connaître le profil des lecteurs est en revanche bien plus compliqué. Si on en croit les commentaires laissés par les lecteurs, ces derniers sont souvent dâautres bloggeurs. Mais le lectorat est souvent beaucoup plus large. Lâexpérience montre que les « professionnels de lâéconomie », et les étudiants en économie, sont de grands lecteurs des blogs. Si le bloggeur économique touche rarement le « grand public », il touche néanmoins un public beaucoup plus large que le public traditionnel (abonnés aux lettres d'information pour les bloggeurs institutionnels, étudiants inscrits aux cours et personnes assistants aux séminaires pour les bloggeurs académiques). Certains universitaires avaient noté que les discussion intéressantes ne se faisaient plus au « faculté lounge » (équivalent d'une salle café à l'université) mais se faisaient aujourd'hui en ligne, sur les blogs, et que tout le monde pouvait y participer.
Une autre manière de connaître les lecteurs peut être d'analyser des comptes Twitter des bloggers. Il n'est pas rare de voir des journalistes ou des députés parmi les followers d'un bloggeur académique, montrant que cette communauté peut, probablement indirectement, se rapprocher du grand public, et des citoyens.
Typologie actuelle de la blogosphère économique
De part la variété des thématiques traitées et lâunicité de chaque blogueur, distinguer, au sein de la blogosphère économique française, des groupes homogènes (dâun certain point de vue) est loin dâêtre une chose aisée. Lâanalyse quantitative que nous avons réalisée ci-après présente donc une typologie, parmi bien dâautres, qui selon nous permet de mieux comprendre lâorganisation de la blogosphère. Chaque lecteur pourra cependant avoir une lecture différente des groupes (clusters) identifiés par cette approche.
Afin de réaliser ce travail, nous avons tout dâabord extrait lâensemble des articles publiés sur une liste de 22 blogs français durant les années 2014-2015. Nous avons ensuite analysé lâensemble des liens sortants (hyperliens) présents dans le contenu des articles, en émettant alors lâhypothèse que des blogs présentant des caractéristiques communes ont tendance : (1) à avoir des liens entre eux, (2) à citer communément dâautres articles ou papiers académiques. Cette méthodologie est inspirée des travaux en théorie des graphes, où chaque blog est alors un nÅud et chaque relation, directe ou indirecte, est représentée par une arête.
Le tableau ci-dessous présente la liste des blogs analysés. Nous avons considéré uniquement les blogs étant actuellement actifs ayant publié des articles sur la période 2014-20151.
Nom du Blog |
Auteur(s) |
Blog Illusio |
[Martin Anota] |
BlogagEco |
Fabien Candau, Elisa Dienesch |
BSI-Economics |
[Blog collectif] |
Captain Economics |
[Thomas Renault] |
CEPII |
[Blog collectif] |
Christian Chavagneux |
[sur Alternatives-Economiques] |
Classe Eco |
[Alexandre Delaigue] |
Econoclaste |
[Alexandre Delaigue, Stéphane Ménia] |
Economiam |
[Benjamin Ting] |
Freakonometrics |
[Arthur Charpentier] |
Frogonomics |
[Blog collectif] |
Gilles Raveaud |
[sur Alternatives-Economiques] |
Jean Gadrey |
[sur Alternatives-Economiques] |
La pompe à phynance |
[Fréderic Lordon] |
Les-Crises |
[Olivier Berruyer] |
Mafeco |
[Jean-Edouard Colliard, Emmeline Travers] |
Notes dâun économiste |
[Mathieu P.] |
OFCE Science Po |
[Blog collectif] |
Olivier Bouba-Olga |
[Blog éponyme] |
Philippe Waechter |
[Blog éponyme] |
Rationalité Limitée |
[Cyril Hédoin] |
RussEurope |
[Jacques Sapir] |
En cartographiant la blogosphère économique en fonction de la similarité des hyperliens entrants et sortants, nous pouvons voir apparaitre trois groupes (clusters), avec un rapprochement en fonction des thématiques traitées et du courant de pensée économique. Un premier groupe est composé des blogs de Jacques Sapir, de Fréderic Lordon, dâOlivier Berruyer et de Paul Jorion ; blogs partageant un regard très critique envers le courant de pensée néo-libéraliste et les institutions en place (courant « hétérodoxe »). Un second groupe est celui des éditorialistes dâAlternatives Economiques (Christian Chavagneux, Gilles Raveux, Jean Gadrey), auquel il est possible dâajouter le blog collectif de lâOFCE, proche du courant de pensée « Keynesien ». Enfin, le troisième groupe, beaucoup plus hétérogène, regroupe en majorité des enseignants-chercheurs en économie, qui, bien que pouvant avoir des opinions variées, relègue bien souvent le « politique » au second plan pour se concentrer sur une approche plus traditionnelle et une analyse basée sur des articles publiés dans des revues académiques (éconoclaste, Classe Eco, Freakonometrics, Captain Economicsâ¦).
Encore une fois, lâobjectif de cette analyse nâest pas de figer une typologie ni de réaliser un classement des blogs selon leur importance ou leur centralité, mais simplement dâillustrer de manière quantitative comment la blogosphère économique française semble actuellement se structurer. De nombreux autres axes de lecture sont possibles, et les couleurs sur le graphique ont pour unique objectif dâillustrer les clusters que nous avons identifiés.
Il est de plus intéressant de remarquer, en analysant plus en détail les liens directs entre blogs, que les « débats » sur la blogosphère économique française sont en réalité très peu fréquents. Lorsquâun blogueur choisi dâen citer un autre, ce nâest en général pas pour critiquer le billet de blog cité, mais davantage un signe de reconnaissance et dâapprobation envers les propos du blogueur. Il semble donc exister une réelle bienveillance entre blogueurs, encore plus entre les blogueurs à lâintérieur des groupes identifiés précédemment. Bienveillance qui est beaucoup moins présente aux Ãtats-Unis, où les débats entre blogs peuvent être très virulents⦠mais aussi très constructifs.
La blogosphère anglophone et éléments de perspectives
Alors que la blogosphère économique française est composée dâune trentaine de blogs actifs, la blogosphère anglophone en compte plusieurs centaines. Bien plus quâun effet « taille de marché » standard, la blogosphère anglophone se différencie de par son organisation, sa professionnalisation et la présence importante dâuniversitaires de renommée internationale.
Un exemple anecdotique de lâévolution du rôle de blogueur est celui de Noah Smith, créateur du blog noahpinionblog et ex-professeur assistant en finance à lâUniversité de Stony Brooks, qui a quitté début 2016 le monde académique pour devenir blogueur à temps complet pour Bloomberg. Sans aller jusquâà totalement changer de carrière, nombreux universitaires consacrent une part importante de leur temps à publier des articles sur leurs blogs personnels ou sur des blogs hébergés par les grands médias américains (New York Times, Wall Street Journal, Bloomberg). Parmi les bloggeurs académiques (qui ont gardé leur poste à lâuniversité) citons Paul Krugman (City University, New York) krugman.blogs.nytimes.com, Tyler Cowen et Alex Tabarrok (George Mason University) marginalrevolution.com Bloomberg, Mark Thoma (University of Oregon), economistsview, Brad DeLong (University of California, Berkeley), delong, John Cochrane (University of Chicago) johnhcochrane, Gregory Mankiw et Miles Kimball (Harvard) gregmankiw et supplysidelibera respectivement, Roger Farmer (UCLA) rogerfarmer, Daron Acemoglu et James Robinson (MIT) whynationsfail, les canadiens Frances Woolley et Nick Rowe (Carleton), et Stephen Gordon (Université Laval à Québec), worthwhile ou encore l'anglais Tony Yates,(University of Birmingham) longandvariable. On peut retrouver aussi des économistes plus institutionnels, comme Ben Bernanke, connu pour avoir dirigé la Fed, ben-bernanke ou Robert Reich, ancien ministre lors des mandats de Bill Clinton, robertreich (tous deux ayant cependant gardé des liens avec le monde académique en étant universitaires à Stanford et UC Berkeley respectivement).
Cette richesse permet d'avoir des discussions entre les blogs, où les billets des uns sont repris, commentés (souvent critiqués) sur ceux des autres. Miles Kimball va jusqu'à prétendre, dans un article paru dans qz que les réponses les plus intéressantes aux questions de politique monétaire sont aujourd'hui traitées sur les blog (et non plus les revues spécialisées) et que si les bloggeurs étaient davantage écoutés, des crises auraient pu être évitées.
Par exemple, un débat de grande qualité a eu lieu sur la blogosphère anglophone à propos des effets de la politique monétaire de Quantitative Easing sur lâinflation. En novembre 2013 Stephen Williamson (Vice Président de la FED St. Louis) défendait sur son blog newmonetarism le fait que, dans une situation de trappe à liquidité, lâassouplissement monétaire pouvait créer une situation de déflation à long-terme. Le lendemain, Nick Rowe (Carleton University) qualifiait lâarticle de Williamson « dâaffreusement faux ». Le jour suivant, Paul Krugman (prix Nobel dâEconomie) et Brad DeLong (Berkeley) sâattaquaient eux aussi à lâarticle de Williamson. Le premier décembre, David Andolfato, venait défendre les arguments de son collègue de la FED St Louis. Dans les jours suivants, Noah Smith, Tyler Cowen et de nombreux autres universitaires-blogueurs ont eux-aussi publié des commentaires / critiques, prenant alors position dans le camp de Williamson ou dans celui de Rowe. Ces articles nâétaient pour la plupart pas accessibles pour les lecteurs nâayant pas déjà des bases solides en macro-économie, mais illustrent parfaitement comment les blogs peuvent participer au débat économique. Le billet de blog de Williamson étant basé sur un papier académique publié par ce dernier, cela montre aussi comment les blogs peuvent être utilisés dans le processus dâopen peer-review, en permettant à nâimporte quel universitaire de commenter ou de critiquer les résultats publiés dans un papier académique.
Vulgariser la science économique. Sortir les économistes de leur tour dâivoire. Participer au débat public. Permettre dâaméliorer le système de publication grâce au système dâ« open peer-review ». Voilà quatre perspectives envisageables, et à notre avis souhaitables, pouvant permettre à la blogosphère de participer à lâamélioration de la transmission de la science économique.
Mais, alors que de nombreuses avancées ont été réalisées en ce qui concerne la vulgarisation, il reste, en France, beaucoup à faire pour atteindre les trois autres objectifs. Comme souvent dans un réseau, une masse critique est nécessaire afin de lancer les débats et de participer à la structuration et à lâexpansion de ce réseau. Alors, universitaires, journalistes, professionnels, ou tout simplement passionnés, rejoignez-nous !