L'enquête Patrimoine de l'INSEE, réalisée tous les 6 ans, a pour but de décrire les actifs financiers, immobiliers et professionnels des ménages français. Elle permet d'analyser les évolutions de distribution du patrimoine et de mettre en avant les facteurs explicatifs de la formation du patrimoine.
Le patrimoine brut global est le montant de l'ensemble des actifs détenus par un ménage. Pour faire simple, vous pouvez calculer votre patrimoine en additionnant l'argent disponible sur votre compte en banque, la valeur de vos biens immobiliers, de votre voiture, de vos bijoux... En France, le patrimoine net moyen (net = en prenant en compte le capital dû au titre des emprunts privés et professionnels) d'un ménage est de 229.300 euros, avec bien évidemment d'énormes disparités. Les 10% des ménages français les plus pauvres ont un patrimoine net moyen de 1.600 euros (D1 dans le tableau ci-dessous, pour premier décile), tandis que les 10% les plus riches disposent d'un patrimoine moyen de 501.600 euros (D9 dans le tableau).
Il faut donc en moyenne additionner le patrimoine de 313 ménages appartenant au 10% les plus pauvres pour avoir l'équivalent du patrimoine d'un seul ménage faisant parti des 10% des plus riches !
Mais un problème se pose au niveau de la comptabilisation des droits acquis par les ménages au titre des retraites par répartition qui ne sont pas pris en compte par l'INSEE. Je cite: "Deux composantes du patrimoine ne sont pas prises en compte, lâ€enquête Patrimoine 2010 ne permettant pas de les mesurer : les droits à la retraite - présente ou future - et le capital humain des membres des ménages." (source: Les inégalités de patrimoine sâ€accroissent entre 2004 et 2010, INSEE, 2011).
Selon la Fondation iFRAP, il est étrange de comptabiliser dans son patrimoine la valeur du logement dans lequel un actif a investi pour le louer en vue de compléter sa retraite, mais pas les cotisations quâ€il a versées à sa caisse de retraite. Plus anormal même, le capital versé à un assureur pour se constituer une rente (et non pas un capital) au moment de sa retraite est pris en compte dans le patrimoine, mais pas les cotisations versées à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (source: Inégalités : le véritable montant du patrimoine des Français, iFRAP, 2011).
Les cotisations retraites des travailleurs indépendants sont souvent inférieures à celles des employés du secteur privé, elles mêmes inférieures à celle des salariés du secteur public. L'INSEE réalise une étude du patrimoine à une date t, sans prendre en compte les flux futurs dus à la retraite par répartition. Intégrer cela aurait comme effet de réduire les inégalités de patrimoine constatées, en ayant une vision plus réaliste de la situation.
Par exemple si une personne X a consacré 25% de son salaire brut à un régime de retraite par répartition (salarié du secteur privé) et qu'une personne Z y a consacré 50% de son salaire brut (salarié du public), il serait en effet normal que l'enquête du patrimoine prennent en compte cette différence, en calculant que dans le futur la personne Z touchera une retraite supérieure à la personne X, et donc qu'il est normal que son patrimoine actuel soit plus faible. Sans prendre en compte cela, on peut facilement arriver à des conclusions erronées du type "à salaire égal, un salarié du privé à un patrimoine plus élevé qu'un salarié du public".
Conclusion: La Fondation iFRAP appelle a davantage de transparence, en demandant que le total des cotisations déjà versées par chaque salarié et son employeur figurent sur les relevés de situation que les organismes de retraite envoient régulièrement à chacun de leurs adhérents. Le Captain' vote pour !