Sans remettre en cause la stupidité totale sur le point de vue économique de la "circulaire Guéant" sur la maîtrise de l'immigration professionnelle, le Captain' souhaite apporter quelques chiffres que l'on ne voit que trop rarement dans les articles traitant de ce sujet.
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Pour ceux ayant raté cette histoire, voici un rappel de ce qu'est la "circulaire Guéant". Signée le 31 mai 2011, cette circulaire restreint la possibilité pour les étudiants étrangers (hors Union Européenne) d'obtenir un permis de travail, en demandant au préfet un contrôle approfondi des demandes de changement de statut des étudiants étrangers. Depuis cette date, tollé général à gauche mais aussi au sein même de l'UMP ; Claude Guéant a d'ailleurs annoncé le 22 décembre que la circulaire devrait être "clarifiée" d'ici peu.
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Mais voici quelques chiffres et infos importantes pour mieux comprendre ce débat. (1) Le nombre d'étudiants concernés est relativement faible ; à ce jour, 900 étudiants ont été recensé comme ayant eu des difficultés à obtenir un changement de statut (dont 300 dossiers résolus à ce jour). Depuis le 31 mai, "seulement" 600 étudiants étrangers ayant trouvé un emploi se sont donc vu refuser leur changement de statut ou sont toujours en attente de régularisation et ne peuvent travailler pour le moment. Ces statistiques ne sont pas truquées ou minimisées par le gouvernement; il s'agit des statistiques du "collectif 31 mai", qui recense et aide les étudiants étrangers souhaitant obtenir une autorisation de travail.
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(2) Sur les 900 demandes, environ deux tiers concernent des étudiants ayant un bac + 5 ou plus. Si quelqu'un a une explication logique d'un point de vue économique, le Captain' est preneur car il n'arrive pas à comprendre l'intérêt de former des étudiants dans nos universités françaises (ce qui coûte un bras) pour les renvoyer chez eux ensuite.
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(3) Lorsqu'une entreprise française souhaite embaucher un étranger hors U.E, elle doit verser une contribution et/ou une redevance à l'ANAEM, l'Agence Nationale de l'Accueil des Ãtrangers et des Migrations (désormais appelé l'OFII mais on s'en fout). Si l'étudiant souhaitant changer de statut signe un contrat de plus d'un an avec un salaire supérieur à 1525 euros brut, l'entreprise doit payer 1612 euros à l'ANAEM (chiffre de 2007, + d'info sur le site immigration.gouv). En plus de cette taxe qui n'est pas donnée, les démarches administratives sont assez contraignantes et peuvent être longues.
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Lorsqu'une entreprise décide d'embaucher un étranger hors U.E. et non pas un français, c'est donc dans la quasi totalité des cas que cette personne a des spécificités que les frenchys n'ont pas (connaissance de l'autre pays pour développement international, maîtrise de la langue...) ou bien qu'il y a effectivement pénurie de travailleurs dans cette branche. Sinon quel intérêt de faire des démarches et de payer une taxe pour cela?
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Pour donner un ordre de grandeur, 640.000 jeunes de 18 à 25 ans sont au chômage en France (soit 21,6% de la population de cette tranche d'âge - source INSEE). Dans le scénario où effectivement ces 600 étrangers piqueraient le job de bons français (ce qui est faux par ailleurs), le chômage des jeunes de 18 à 25 ans passerait de 21,6% à 21,58%.... Waouh !
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Conclusion: Quelle bonne idée de ternir l'image de la France à l'étranger et de se mettre à dos universitaires/économistes et patrons pour quelques centaines d'étudiants par an ; des étudiants diplômés qui de plus auraient consommé et payé des impôts en France. Le Captain' croyait pourtant qu'on était censé relancer la croissance et combler le déficit public. Ah?