Entendu ce matin sur BFM Business (sur le podcast gratuit "BFM: Les experts" sur iTunes que je recommande fortement), "la France est numéro deux mondial des dépenses publiques"! Bien content d'avoir trouvé un sujet à traiter pour aujourd'hui, le Captain' se rend donc sur le site du FMI pour reprendre les données des dépenses publiques et voir l'évolution et la place de la France. Et la, oh surprise! La France n'est même pas dans le top 5! On m'aurait menti?
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Devant la France, qui occupe la 6ème place au niveau des dépenses publiques en pourcentage du PIB pour 2011, quatre pays ayant une influence énorme sur l'économie mondial, à savoir (1) La République Démocratique du Congo avec 126% du PIB de dépenses publiques, suivi de (2) le Kiribati, (3) l'Iraq et (4) le Lesotho (63% de dépenses). Ouch, la concurrence est rude.
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Bon trêve de galéjades, si l'on enlève donc ces quatre pays, la France est bien numéro deux mondial des dépenses publiques, juste derrière le Danemark. Selon les chiffres du FMI, la France rate même la médaille d'or à 0,1 point; les dépenses publiques représentant au Danemark 56,6% du PIB contre 56,5% en France.
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Le pays dont les dépenses publiques sont les plus faibles au monde est la Birmanie (10% du PIB). Un bien bel exemple à suivre donc ? Allez faire un tour en Birmanie et on en reparle. Mais donc avoir un fort taux de dépenses publiques, c'est mauvais ou pas? Commençons par définir "les dépenses publiques". Cela correspond à l'ensemble des dépenses de l'Etat, des administration publiques et des administrations de sécurité sociale en ce qui concerne la retraite, la santé, l'enseignement, la défense, l'ordre public... Dans l'absolu il n'y a donc pas de bonnes réponses à cette question ; on ne peut pas dire qu'il soit mauvais d'avoir des dépenses publiques élevées.
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En France, la protection sociale (retraites, maladie, allocations familiales, chômage, RSA...) représente 41,4% des dépenses publiques, la santé 14,5%, les services publiques généraux 12,9% (dont remboursement des intérêts de la dette 4,3%) et l'éducation 11% (source "Rapport sur la dépense publique et son évolution", p24). Le reste? Un peu pour le logement, les loisirs, la culture, la protection de l'environnement...
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Le problème c'est que lorsque l'on parle de dépenses publiques, il faut nécessairement prendre en compte deux autres paramètres: (1) les impôts et taxes (= les recettes) qui doivent être mis en place pour pouvoir équilibrer les finances publiques et (2) l'efficience des dépenses publiques. Et c'est un peu là que le bât blesse. (1) En France, les recettes ne couvrent pas les dépenses, d'où le fort déficit public depuis quelques années. Quelle est la solution? Soit on augmente les recettes en augmentant les impôts ou la TVA, au risque de geler la consommation et de créer une spirale négative (message subliminal: le Captain' ne conseille pas cela, ou alors ultra-ciblé sur certaines classes). Soit l'on diminue les dépenses en coupant là où c'est possible (en évitant si possible l'éducation, la recherche, la police...) et en se penchant sur tous les abus du système et les dépenses inutiles. Une troisième solution serait de continuer à avoir des déficits énormes en augmentant notre dette publique, mais je sais pas pourquoi je la sens pas trop cette solution...
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(2) Concernant l'efficience, il est tout à fait possible d'avoir un pays avec des dépenses publiques énormes, combinées à de forts impôts (pour avoir un budget équilibré) et avec une population qui ne rechigne pas à payer beaucoup d'impôts et taxes car les services rendus par l'Etat via les dépenses publiques sont très bons. Si l'on compare la France à la moyenne des autres pays développés, le système de santé est plutôt bon, l'éducation pas catastrophique, la sécurité pas mal, le système de retraite OK... Mais à priori rien qui justifie d'avoir en France les dépenses publiques les plus importantes au niveau mondial.
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Vous en avez marre que le Captain' compare la France à l'Allemagne! Et bien ça tombe bien, je vais donc terminer cet article en comparant le financement des dépenses individuelles de santé en France avec celles des autres grands pays de l'OCDE, sans même parler de l'Allemagne (et en piquant au passage un graphique du site du budget.gouv).
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La France est le second pays au monde derrière les Pays-Bas en ce qui concerne le montant des dépenses de santé restant à la charge des ménages (taille de la barre noire)! Les ménages payent de leur poche directement un montant relativement faible (à la louche 10% du montant réel), ce qui peut créer de mauvaises incitations du type "la médecine c'est gratuit, abusons-en joyeusement". Mais tout le reste, les 90% restant, ne sortent pas d'un chapeau magique! Ils sont payés indirectement par les ménages à un moment ou à un autre (cotisations sociales, assurances privées...). Faire comprendre ça clairement aux français pourrait peut-être permettre de réduire un tout petit peu les dépenses publics. Et avec une somme de "un tout petit peu" dans de nombreux secteurs, pourquoi pas arriver à une baisse substantielle des dépenses publics (ce n'est pas l'idée du siècle, mais il faut bien proposer quelquechose...).
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Conclusion: Les Frenchys aiment bien taper sur les fonctionnaires. Sur certains points, le Captain' donne son feu vert ; par exemple le taux d'absentéisme au travail est deux fois plus élevé dans le public que dans le privé (12% contre 6%)... Mais lorsque l'on parle de réductions des dépenses publiques, il faut penser plus globalement que la rhétorique de comptoir "allez on vire les fonctionnaires ils font rien". Depuis 2003, l'Etat a très massivement diminué le nombre de fonctionnaires, avec le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite (par exemple pour 2012, le Projet de Loi de Finance prévoit la suppression de 30.000 postes de fonctionnaires). Il va donc falloir surtout trouver des solutions pour résoudre les deux principaux problèmes français (1) les dépenses de santé et (2) les dépenses retraites. Bonne chance les amis!