L'Italie a adopté hier son troisième plan de rigueur depuis juillet (plan de rigueur c'est plus beau que plan d'austérité). En France, nous en sommes pour le moment qu'à deux; François Baroin (ministre de l'Economie et des Finances) a d'ailleurs annoncé la semaine dernière "nous ne travaillons pas sur un troisième plan, nous ne sommes pas dans cette logique". Je vous laisse le choix entre trois possibilités pour expliquer cette phrase (1) tout va bien, la croissance en 2012 va être incroyable et le dynamisme français va permettre de rééquilibrer le budget d'ici 2013 sans rien faire, (2) voir ci-dessous la troisième image sur Google pour la requête "pipeau", (3) il y aurait, selon certaines rumeurs, des élections en 2012 et l'austérité (la rigueur pardon, j'ai encore rippé) avant les élections c'est jamais bien vu.Â
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Mais c'est quoi cette mode de faire des plans de rigueur? Deux raisons principales: la croissance en 2012 s'annonce très mauvaise et la crise de la dette contraint les Etats à ramener le déficit à un niveau soutenable au plus vite (autour de 3% du PIB) puis à l'équilibre. Toute baisse des prévisions de croissance entraîne mécaniquement une baisse des recettes de l'Etat (baisse des taxes et impôts collectés car moins de consommation et moins d'emploi...) et dans une moindre mesure une hausse des dépenses (hausse aides sociales via la hausse du chômage...). Toute augmentation du déficit public entraîne une augmentation de la dette, qui implique une augmentation des taux d'intérêt et donc une augmentation de la charge de la dette (boucle hausse du déficit).
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En France, les prévisions de croissance pour 2012 ont été révisées fin août par le gouvernement passant de +2,25% à +1,75%. Résultat, un premier plan de rigueur annoncé quelques semaines après par François Fillon. Fin octobre, les prévisions de croissance sont révisées encore une fois à la baisse, passant de +1,75% à +1%. Même combat: nouveau plan de rigueur "Fillon 2". L'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) a annoncé il y a quelques jours que selon leurs estimations, le PIB de la France ne devrait atteindre que +0,3% en 2012. "Fillon 3, le retour"? Le gouvernent dément pour le moment, pour la raison (2) ou (3) de l'introduction (si vous aviez voté (1), pensez à sortir de votre grotte).
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A chaque point de croissance perdu, le déficit public augmente d'environ 0,6 point, ce qui équivaut à 12 milliards (une autre estimation du Monde annonce 1 milliard pour 0,1 point de croissance en moins, donc quasi-similaire)! Par rapport aux prévisions de juillet 2012, la différence entre la prévision du gouvernement de +2,25 et la prévision actuelle de l'OCDE (+0,3%) est donc de deux points ; il faudrait donc en théorie trouver environ 24 mds.
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Le premier plan de rigueur français devrait rapporter 11 mds d'euros en 2012 (rabot sur les niches fiscales, nouvelle tranche imposition...). Le second plan (avancement de la réforme de la retraite, TVA à 7% dans la restauration...) doit quant à lui rapporter 7 mds d'euros. Il manque donc, si la prévision de l'OCDE est la bonne, environ 6 mds d'euros. Et comme de par hasard, l'OCDE a annoncé que "la France n'échappera pas à un nouveau plan de rigueur" et a estimé ce plan à 8 mds d'euros (non Madame, j'ai même pas copié pour retrouver cette même estimation).
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Ramener le déficit public à l'équilibre, voici donc l'objectif des français et des italiens. Ah enfin on ne compare plus les français aux allemands et vous vous dites "cool pour une fois on va gagner"... Certes la croissance en Italie pour 2012 est estimé à -0,5%, contre 0,3% en France (France 1 - 0  Italie). Certes la dette italienne représente 120% du PIB contre environ 85% en France (France 2 - 0 Italie). Certes la France a encore son triple A et peut emprunter sur les marchés à un taux soutenable (3,1% pour la France, 6% pour l'Italie). Et un, et deux, et trois zéros !
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Mais concernant le déficit public, il est depuis 2007 plus faible en Italie qu'en France. Il faut bien leur laisser un petit but à nos amis italiens.
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