"Un quinquennat à 500 milliards" est le titre du livre de deux journalistes (un journaliste de Marianne et un du Point), en référence au bilan de Sarkozy. Le Captain' va répondre à deux questions (1) à quoi correspond ce chiffre de 500 milliards d'euros et (2) si ce chiffre est réel, est-ce "la faute à la crise" ou bien à la politique de Sarkozy ?
Nicolas Sarkozy a pris ses fonctions à l'Elysée le 16 mai 2007. A cette date, la dette française s'élevait à environ 1200 milliards d'euros. Lors de la dernière publication par l'INSEE pour le 3ème trimestre de 2011, la dette était alors à 1688 milliards d'euros. Après quelques estimations (= un produit en croix), le Captain' prévoit que la dette à la fin du quinquennat de M. Sarkozy sera d'environ 1760 milliards d'euros. Voici donc ce qui justifie le titre du livre, qui aurait même pu être "Un quinquennat à 560 milliards".
Le quinquennat de Sarkozy est effectivement celui durant lequel la dette de la France aura la plus augmenté en valeur. Par exemple, durant le 1er mandat de Jacques Chirac, la dette avait augmenté d'environ 250 milliards d'euros (en sept ans), puis d'environ 325 milliards durant son second mandat (quinquennat de 2002 à 2007). Ok c'est bien beau de comparer des chiffres en valeur, mais (1) il faut aussi comparer l'augmentation de la dette en pourcentage ou en point de PIB et (2) il faut essayer de voir l'impact de la crise sur la hausse de la dette.
Isoler "l'effet crise" n'est pas une chose évidente. Pour cela, comparons l'évolution de la dette en pourcentage du PIB en France entre 2006 et 2011 avec l'évolution de la dette dans une vingtaine d'autres pays. Ce n'est pas une manière infaillible de voir si la forte hausse de la dette en valeur en France est due à la crise ou non, mais cela nous donnera des repères pour comparer la situation française avec celles de ses voisins.
La dette de la France est passée de 63% du PIB fin 2006 à 86% du PIB fin 2011, soit une hausse de 23 points de PIB. C'est absolument colossal, mais lorsque l'on compare cette hausse en point de PIB avec la hausse dans les autres pays, la dette a davantage encore augmenté en Angleterre (+37 points) , aux USA (+38 points) et au Japon (+41 points). Bon c'est aussi vrai en Grèce, où la dette est passée de 106% du PIB fin 2006 à 165% du PIB fin 2011 (+59 points de PIB), mais si la France pouvait éviter de prendre exemple sur la gestion des finances publiques grecques, ça serait pas mal...
Attention cependant, la hausse de la dette n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Si cela sert à financer des projets de long terme qui amèneront de la croissance dans le futur (recherche et développement, grands travaux, réformes..), une hausse de la dette peut-être bénéfique. Par contre, si la hausse de la dette provient d'un déséquilibre des finances et sert à uniquement financer un train de vie trop élevé (dépenses > recettes) et à rembourser les intérêts de la dette, cela n'apporte rien. C'est un peu la même chose que pour un ménage ; si vous empruntez pour investir dans des projets qui sur le long terme améliorerons votre revenu ou votre bien-être, c'es positif. Si vous empruntez pour consommer ou pour rembourser vos anciens prêts, la spirale de l'endettement est enclenchée et vous courrez à votre perte.
Conclusion: Le quinquennat de Sarkozy est loin d'avoir été un modèle au niveau du rééquilibrage des finances publiques. Mais il faut éviter de faire des raccourcis simplistes en regardant la hausse de la dette en valeur, tout ça pour un titre chose en UNE du style "L'homme qui a coûté 500 milliards à la France". Isoler "l'effet crise" est assez compliqué à faire, mais cette comparaison internationale permet de replacer un peu mieux la situation française. Dernière remarque: dans les trois grands pays dont la dette a davantage augmenté en point de PIB (USA, UK, Japon), les banques centrales sont en mesure de racheter la dette sur le marché primaire, et n'ont pas un objectif en ce qui concerne l'inflation aussi stricte que la Banque Centrale Européenne. La situation n'est donc pas exactement la même (possible monétisation de la dette). A lire sur le même sujet, l'article d'Alexandre Delaigue "Peut-on calculer le coût de la présidence Sarkozy?.